Mairie de Fiac - 81500
En illustration, quelques photos du souterrain de Chaminade, avec l'aimable autorisation de Mr et Mme CAUSSE.
Retour sur ce texte, écrit par le Général SALVAN en Janvier 2012, dont la (re)lecture apporte un superbe éclairage à ces endroits où la pénombre est reine !
Avec nos remerciements pour ce partage.
Les souterrains
Index
Généralités
Les souterrains hantent notre imaginaire, ils appartiennent à la mémoire collective, qui les veut longs, tortueux, hostiles, sièges d’activités maléfiques, mais remplis de trésors…
Précisons d’abord qu’un souterrain, c’est une excavation creusée par l’homme sous la surface terrestre.
On peut y accéder soit par un ou des orifices à la surface du sol, soit à partir d’un bâtiment.
Une grotte, une caverne n’est pas un souterrain : elle résulte de phénomènes naturels, infiltration d’eaux en général, parfois d’échappement de vapeurs en zone volcanique.
Que de légendes sur ces lieux ! Ils auraient relié le village ou des fermes aux châteaux, ils auraient abrité les cathares, des cérémonies païennes.
Ils font partie du patrimoine de notre village, mais on en trouve à peu près partout dans le monde, en France, surtout dans le Nord et le Sud-Ouest de notre pays.
Combien de Fiacois ont vraiment visité les nôtres ? Car ils demeurent cachés, leurs rares entrées trompent souvent le curieux.
A Fiac, plusieurs souterrains sont connus, et d’abord celui des Rivals-Mazère découvert en 1866.
Mon grand-père Emilien retrouva celui d’En Pouillé entre 1880 et 1890, d’autres existent à La Père, En Bouffil, En Cambournac, à la Mério et dans les communes voisines.
La plupart des auteurs pensent que ces souterrains furent creusés lors des périodes d’insécurité, du XII° au XVII° siècle : croisade des Albigeois, guerre de cent ans, guerres de religion.
Précisons au passage qu’un souterrain provoque souvent la désorientation, des éboulements sont toujours possibles, l’aération et la lumière sont insuffisantes : il vaut mieux ne pas les visiter seul.
Les souterrains abritent des chauves-souris, espèces souvent menacées, qu’il convient de ne pas déranger, surtout en hiver.
Les divers souterrains et leurs destinations
Même si certains animaux s’en sont emparés aujourd’hui, les souterrains furent d’abord creusés et fréquentés par l’homme.
Les habitations troglodytes sont les souterrains les plus connus.
Elles offrent une façade sur l’extérieur, trouée de portes et fenêtres.
Autrefois, elles ont séduit toutes les catégories sociales. De dimensions très variables, elles furent souvent dotées d’autres aménagements, refuges, caves etc.
Les caves permettent le stockage des vins et autres denrées. Ce sont généralement des galeries larges, aux parois abruptes, dépourvues de tout aménagement, dépendances d’une habitation… En Champagne, ce sont souvent d’anciennes carrières.
On trouve aussi des aqueducs souterrains, datant généralement de l’époque romaine. L’aqueduc de Gier, qui amenait l’eau à Lyon, mesure 75 kilomètres !
Les carrières étaient creusées sous la terre arable, pour atteindre des roches dures utilisables pour la construction de bâtiments. Certaines sont immenses, lorsqu’elles fournirent les matériaux nécessaires à la construction de villes ou de palais, d’autres se limitent à un puits d’extraction. Les carrières furent souvent aménagées pour d’autres fins : en particulier comme caves et refuges en cas de guerre.
Il existait aussi des souterrains de communication, d’un bâtiment à un autre, ou à une issue extérieure : ces derniers permettaient la fuite lorsque les affaires tournaient mal. Le plus souvent, il s’agissait d’effectuer des mouvements discrets, de troupes lors de siège, voire lors d’intrigues amoureuses ou politiques… En général, ces souterrains ne mesurent que cent mètres ou moins.
LES SOUTERRAINS REGIONAUX
Les souterrains dépôts
Normalement, la cave est sous une habitation. Le souterrain dépôt peut être situé à une certaine distance.
Un cas particulier est la citerne souterraine. Le souterrain dépôt avait pour but de soustraire à la curiosité des bandits, du fisc ou des religieux au temps de la dîme, une partie de la récolte, pour échapper au pillage ou pour diminuer le poids des impôts.
De même, les activités illégales comme le trafic du sel sous notre monarchie, imposait aux faux-sauniers l’installation d’un réseau de relais et dépôts pour satisfaire la clientèle… Les impôts ont toujours suscité des fraudeurs !
Notons, sous nos plus vieilles fermes, l’abondance de silos ovoïdes, les « clauzes » en occitan, cluzeaux ou cluzets en français. On en trouve en Algérie, ce sont les « matmora ». Ces fosses elliptiques servaient à conserver les grains, pendant parfois plusieurs années. Certaines ont pu avoir un rôle religieux, d’offrande, servir de caches, et même être utilisées pour des inhumations. Celles d’En Pouillé furent détruites en mon absence lors de la reconstruction de la maison. Une très belle a pu être conservée à En Daydé.
Les souterrains refuges
En cas de troubles, et ils furent nombreux dans notre histoire, on trouvait refuge dans les souterrains.
La principale caractéristique des souterrains refuges, c’est une entrée étroite, par où un seul individu peut passer, ce qui facilitait la défense.
On peut y trouver aussi des meurtrières, des pièges etc.
Généralement, les assaillants assiégeaient le refuge pour assoiffer et affamer les assiégés et l’enfumaient pour contraindre les réfugiés à se rendre…
Souvent, après avoir hébergé les populations lors des troubles, lorsque le monarque rétablissait l’ordre, les souterrains devenaient le refuge des brigands et des insoumis.
On s’y livrait à toutes sortes d’activités interdites : pour échapper à la gabelle ou au contrôle royal ou à celui du clergé ; des faux-sauniers, des faux-monnayeurs y menaient leurs activités illégales. Les déserteurs des armées du roi, de l’empereur ou de la république, y attendaient des temps meilleurs. Des résistants les utilisèrent de 1941 à 1944.
Les souterrains cultuels
Certains souterrains furent affectés à la célébration de cultes païens.
Des rites tels que celui du « passage à travers », en liaison avec le culte de la « Terre Mère », ou des cultes chtoniens, ou des initiations, restent mal connus chez nous.
On sait leur existence grâce à des condamnations par l’Eglise catholique, qui combattit ces pratiques, comme en témoigne un sermon attribué à Saint Eloi au VII° siècle de notre ère :
« Que nul, aux calendes de janvier, ne fasse de choses abominables et ridicules, ne se déguise en veau ou en cerf…Que nul n’ait la prétention de faire des lustrations, ni d’enchanter les herbes, ni de faire passer son troupeau par un trou d’arbre ou par un trou creusé en terre, parce que c’est là, en quelque sorte, les consacrer au diable. »
Ces pratiques subsistaient dans les Balkans, au début du XX° siècle, lors d’épidémies. On creusait un tunnel, dans lequel passaient ensuite hommes et bêtes, pour les purifier. Des rites analogues existaient en Afrique, au Cameroun, lors des cérémonies d’initiation de jeunes hommes.
Souvent, les souterrains furent le refuge des hérétiques. Lors du Concile de Béziers en 1246, un article fut fort net : « Que l’on recherche les hérétiques dans les fermes et en dehors des demeures particulières, en fouillant les chambres souterraines, les cabanes, les cluzeaux et autres cachettes. » Pour Bernard Gui, inquisiteur vers 1323 : « Longtemps les hérétiques restèrent rebelles à la lumière, se cachant tantôt dans les montagnes, tantôt dans les cavernes à la manière des hiboux et des fils des ténèbres. »
Des protestants s’y réfugièrent. Dans la pénombre humide, pour se réchauffer, ils utilisaient des feux produisant peu de chaleur et beaucoup de fumées, irritantes pour l’organisme. Au XVII° siècle, dans le Vivarais, près des souterrains de la Jaubernie, les persécuteurs des protestants avaient des jugements expéditifs : « Tu as les yeux rouges, tu es protestant ! »
De même, de 1793 à 1802, des prêtres et religieux qui refusaient la constitution civile du clergé se réfugièrent dans des souterrains ou des grottes pour échapper aux persécuteurs.
Soyons clairs : un souterrain peut avoir eu plusieurs fonctions, simultanément ou successivement. Je pense que ce fut le cas du souterrain d’En Pouillé, refuge, dépôt, peut-être lieu de culte.
Comment creusait-on ces souterrains ?
Concevoir, creuser, organiser un souterrain, en évacuer les déblais, tout cela nécessite un bon degré de réflexion : existait-il des architectes et des « creuseurs » spécialisés dans les techniques des souterrains ?
Ou bien des groupes de paysans ou de carriers, avec ou sans l’aval du seigneur local, pouvaient-ils se lancer dans de pareils ouvrages ? Nous n’avons pas de réponse sûre.
Au Moyen-Age, la construction des châteaux forts exigeait des volumes importants de briques ou de pierres. De même, l’attaque des fortifications s’effectuait en creusant des mines sous les murs pour en provoquer l’écroulement : donc les techniques de la taille de la pierre et de creusement devaient être assez répandues.
Il y a eu des carrières un peu partout chez nous et dans le Vaurais. Il est probable que nos paysans y travaillaient en hiver. Les outils nécessaires, maillets, pics à deux ou quatre faces, coins étaient à la portée des forgerons de nos villages, voire des bricoleurs de nos fermes. Les lampes à huile ou graisse étaient identiques à celles utilisées pour l’éclairage des habitations. Des brouettes ou des paniers servaient à évacuer les déblais.
Comment vivait-on dans ces souterrains ?
Entrer dans un souterrain, c’est ressentir à la fois l’obscurité, l’humidité, le froid, et souvent l’angoisse.
Le séjour même temporaire dans le souterrain nécessitait la constitution d’approvisionnements : aliments, eau, bois, huile ou graisse, armes… En plus des êtres humains, une partie au moins du bétail entrait dans le refuge : volaille, ovins, porcs.
Les conditions d’hygiène et de confort étaient donc sommaires, la promiscuité très grande...
L’éclairage a dû constituer le principal souci des personnes réfugiées dans le souterrain : des lampes à huile ou à graisse ont été retrouvées un peu partout. Le feu servait à l’éclairage, à la cuisson des aliments, au chauffage. Mais il impliquait un système d’aération, comme à En Pouillé, où un orifice d’aération se trouve à l’opposé de l’entrée.
Il pouvait exister plusieurs niveaux d’inquiétude lorsqu’on utilisait le refuge. Dès
que la menace se précisait, on rejoignait le souterrain, dont on pouvait sortir de temps à autre, sous la surveillance de guetteurs. Dès que la menace s’aggravait, on s’enfermait, en étant contraint à la passivité. Si l’ennemi tentait de pénétrer dans le souterrain, lui même était soumis à de fortes tensions. Généralement, plutôt que de risquer un combat au corps à corps dans l’obscurité, les agresseurs pressés enfumaient le souterrain pour déloger les réfugiés…
Mythologie des souterrains
Qu’il provoque peur ou fascination, le monde souterrain ne laisse personne indifférent.
Un premier mythe est celui de la longueur et des dimensions des souterrains :
les seigneurs et leurs troupes auraient pu les parcourir à cheval sur des kilomètres. Ces souterrains auraient permis de franchir des montagnes et des fleuves : on n’en connaît ni dans les Alpes, ni dans les Pyrénées. En dehors des aqueducs et de carrières, la plupart des souterrains n’ont que des dimensions réduites. Seules les techniques modernes ont permis de creuser des tunnels sous les fleuves, les montagnes, les mers.
Un autre mythe est le trésor : une légende prétend qu’il y aurait près de Sainte–Anne une peau de vache remplie de pièces d’or…En fait , la plupart des trésors ont été trouvés dans des ruines ou de vieilles demeures.
Enfin les souterrains abriteraient des sorciers ou sorcières, des lutins, fées, démons, fantômes dont on entendrait les cris : les hurlements d’esprits mauvais peuvent plus sûrement être attribués aux chants et cris d’oiseaux nocturnes, en particulier de la chouette effraie (Tyto alba, dama blanca en occitan), qui s’installe volontiers dans les souterrains.
Ils servent aussi de refuge aux chauves-souris et aux crapauds, qui ont rarement attiré la sympathie, quand on ne les croyait pas suppôts des démons ou des sorciers…
« Les nuits de l’erreur souterraine » font aussi l’objet de récits mythiques :
à la fin d’un banquet dans le noir d’un souterrain, on se serait livré à des orgies
sexuelles et aux sacrifices d’enfants issus de ces débauches…
Puissent ces quelques notes vous aider à mieux comprendre et apprécier cette partie de notre patrimoine !
J.G.Salvan, 30 janvier 2012
Bibliographie sommaire
Archeologia, document n° 2 : Les souterrains, 1973
Blanchet A. : Les souterrains refuges de la France, éd. Picard, Paris, 1923
Bordenave J. & Vialelle M. : La mentalité religieuse des paysans de l’Albigeois médiéval, éd. Privat, Toulouse, 1973
CIRAC : Actes du symposium de Cordes, 1967
Gast M. & Sigaut F. : Les techniques de conservation des grains à long terme, CNRS, Paris, 1979
Malet L. : Souterrains aménagés du Bas Ségala, Société des sciences, arts et belles lettres du Tarn, Albi, 1990
Sebillot P. : Le folklore de France, la terre et le monde souterrain, éd. Imago, Paris, 1983
Société française d’étude des souterrains (Mémoires de la ) : Souterrains d’Europe méridionale et déviations religieuses médiévales, 1975
Triollet J. & L. : Les souterrains éd. Errance, 1995
1 - Texte de Janvier 2012 du Général SALVAN
2 - "LES SOUTERRAINS RURAUX MEDIEVAUX DU TARN" par Mr COUSTET
LES SOUTERRAINS RURAUX MEDIEVAUX DU TARN
Vers 1850, érudits locaux et archéologues, surtout les préhistoriens, commencent à s’intéresser aux souterrains, premières publications dans les revues et bulletins des nouvelles sociétés archéologiques, historiques ou dites « savantes », par exemple : la Sté archéologique du Midi de la France, la Sté préhistorique de France, etc.
Parmi les chercheurs régionaux, on distingue Charles Grellet Balguerie, qui fouille le souterrain de Fiac à partir de 1867.
L’éclosion et le renouveau du monde associatif bénévole, dans les années 1960, relancera l’étude des souterrains qui sera souvent attribuée aux spéléologues (Albi et Lavaur notamment).
La problématique des souterrains en France est loin d’être homogène, on trouve par exemple: au Nord les souterrains refuges villageois, au Centre les souterrains annulaires, en Val de Loire et Périgord souterrains et troglodytes, etc.
La limite sud Européenne du phénomène se situe dans le Tarn.
Les souterrains y sont présents essentiellement dans la moitié ouest ou l’habitat ancestral paysan, lié aux riches terres agricoles, est le mieux implanté.
La géologie, avec ses roches molassiques, tendres, propices à creuser, a également joué un rôle important dans la répartition géographique.
Les souterrains ruraux médiévaux de type géométrique, poly et monocellulaires : ils constituent le groupe le plus cohérent, le plus présent et le plus intéressant à étudier.
Sa diversité topographique est vaste, elle va du petit souterrain d’une seule salle avec couloir d’accès, au monument complexe de 7 à 8 salles et plus.
Aucun rapport n’existe avec les fameux et légendaires « souterrains de fuite de châteaux » dont aucun exemple visitable n’est de nos jours, connu dans le Tarn.
La technique de creusement est celle du mineur.
On voit souvent les traces encore intactes de l’outil sur la roche encaissante.
Principaux aménagements internes :
- Les entrées : elles s’ouvrent le plus souvent au ras du sol, prolongées par un escalier.
L’accès par puits vertical est rare dans le Tarn.
- Les fermetures : omniprésentes et variées, il ne reste bien sûr que les feuillures de maintien des menuiseries. La plupart sont relativement simples (porte pivotante), certaines sont quasi symboliques, en tous cas d’une piètre efficacité en terme de défense.
Le verrouillage se fait plutôt de l’intérieur, mais quelquefois des deux côtés.
La notion défensive mise en avant par certains, nous paraît bien fragile.
- Les couloirs sont presque toujours segmentés et coudés à angle droit, de largeur universelle quelle que soit la région, 0,70 m.
- Les salles : souvent de superficies modestes (4 x 3 m, hauteur 1,80 à 2 m), les grandes salles sont assez peu nombreuses.
- Les voûtes : les formes en plein cintre sont de loin les plus courantes, ensuite viennent les ogives, bâtières (ou toit de maison) qui se rencontrent surtout dans l’extrême ouest du Tarn et dans le Tarn et Garonne.
- Les niches : éléments incontournables pour une fonction utilitaire facilitant le séjour, on constate leur faible nombre et même leur absence totale dans quelques souterrains.
Tablettes hautes relativement peu fréquentes, elles évoquent un autel et la notion de chapelle souterraine, pour les tenants des souterrains à vocation cultuelle.
- Conduits verticaux : bien présents chaque fois que l’épaisseur de roche sur voûte n’excède pas
4 à 5 m. Ils devaient assurer ventilation et faible éclairage à l’intérieur.
- Conduits horizontaux : il semble que cet élément de « défense passive » était important dans la conception des souterrains, obligeant le creusement fastidieux de couloirs coudés et un raccordement topographique d’une grande précision.
- Silos internes : on ne les trouve que dans les ouvrages d’une certaine importance.
Ils peuvent s’ouvrir à même le sol des salles ou des couloirs et sont généralement vides de dépôts archéologiques.
Les encoches visibles sur le goulot, attestent qu’ils étaient obturés par un opercule, parfois encore en place.
- Décors : si la fonction de base des souterrains, est retenue comme essentiellement utilitaire, on reste confondu par les manifestations décoratives, véritables œuvres d’art médiévales déployées avec un talent étonnant, un peu contradictoire avec le savoir faire des paysans qui sont censés les avoir creusés.
L’homme médiéval ignorait la gratuité de l’esthétique, mais il savait à merveille allier le beau à l’utile.
Les croix gravées sont relativement abondantes.
Cette forme de christianisation peut toutefois être bien postérieure à l’occupation médiévale des lieux.
Dates, patronymes et autres manifestations graphiques, ne remontent guère au delà du début du
XIX è siècle.
L’environnement géographique des souterrains : beaucoup de monuments sont creusés dans des éperons de confluence. Il s’agit véritablement d’une situation type, à tel point que dans nos prospections, nous allons souvent directement au but sans autre information.
En dépit d’une agriculture intensive, le Tarn possède encore quelques vestiges anciens, les mottes féodales sont nombreuses et quelques souterrains s’ouvrent à proximité, voire dessous, plus marginalement.
Les sites ecclésiaux anciens, les vieux chemins publics, sont également bien présents.
Archéologie :
Un principe obligé : la réhabilitation post fouille, fort d’un nombre considérable de souterrains, le Tarn est aujourd’hui en proie à la destruction à grande échelle de son patrimoine creusé ; ceci en toute impunité.
La non prise en compte du milieu souterrain comme ayant valeur patrimoniale, mais aussi laxisme et ignorance, il faut bien le dire, ont eu raison de beaucoup de monuments, qui avaient vaillamment franchi les siècles sans dommages.
Cet état de fait consternant, nous a rapidement conduits à la mise en œuvre, pour chaque site fouillé, d’une opération de sauvetage, en accord avec les propriétaires fonciers qui se sont engagés à respecter les sites.
A ce jour, une douzaine de souterrains ont été réhabilités et restent ainsi visitables, pour quelques décennies supplémentaires.
La fouille d’un souterrain sans la prise en compte de son proche environnement de surface n’offre guère d’intérêt.
La compréhension du site est en effet largement à l’extérieur.
Un décapage de la couche humifère autour de l’entrée, conduira immanquablement à une aire d’ensilage et aux « maigres » restes de bâtiments toujours associés.
Suivant les cas, l’érosion aura plus ou moins tronqué les silos, qui se présentent en batterie de formes ouvertes, de 30 ou 40 unités et plus.
Le mobilier archéologique est principalement constitué de céramique culinaire à cuisson réductrice, de fabrication peu soignée, extrêmement fragmentée, proche d’un niveau de vie qui frise le misérabilisme.
Les tuiles de toitures brisées sont également nombreuses.
Objets de métal et monnaies sont anecdotiques.
Les textes historiques anciens qui mentionnent les souterrains sont rares et difficiles d’accès. Par chance, quelques textes en latin, issus des registres de l’Inquisition, nous renseignent sur l’existence des fameux « clusels » qui, dans la première moitié du XIII è siècle, servirent ponctuellement de cachettes aux hérétiques.
Ce terme qui désigne un lieu clos, est encore bien présent dans notre région, à la fois comme toponyme, mais également comme patronyme.
Essai d’interprétation
Fin XII è siècle une certaine embellie économique et démographique favorise la dispersion de l’habitat.
Sa grande vulnérabilité, conduit au creusement des premiers souterrains, qui constituent un recours vital en cas d’événement grave (incendie, pillage, conditions climatiques extrêmes, etc.)
Avant le milieu du XIII è siècle, la croisade contre les Albigeois (Cathares), la reprise en main de la population rurale par l’Eglise, la mise en place de l’Inquisition, la chasse aux hérétiques, la destruction ordonnée de certains sites, leur abandon spontané à cause de la peur qu’inspire l’Inquisition, mettent un coup de frein indéniable au phénomène.
Au début d’un XIV è siècle particulièrement calamiteux, on constate un important exode rural aux causes multiples : pression démographique, morcellement excessif des parcelles, problèmes climatiques, mauvaises récoltes, famines.
Viendront encore : la peste, la guerre de Cent ans, les Routiers, etc.
Les souterrains liés à ces lieux de vie désormais abandonnés n’ont plus de raison d’être.
Les entrées sont soigneusement bouchées, en cas de possible retour, qui n’aura lieu que bien plus tard ou jamais.
Entre temps les souterrains seront devenus obsolètes.
Les souterrains dans la commune de Fiac :
Quinze références de sites souterrains ont été inventoriées dans la commune de Fiac.
Trois n’ont pas été confirmés faute d’éléments suffisants.
Huit de ces vestiges sont des souterrains ruraux médiévaux identifiés.
De nos jours, quatre souterrains seulement sont accessibles, visitables en totalité ou partiellement.
Aucun n’est exempt de dégradations importantes.
Deux sites ont fait l’objet d’investigations archéologiques, l’un dans le quartier de Brazis, l’autre au village.
Il s’agit de Rivals Mazères, fouillé au XIX è siècle avec pour l’époque une assez grande rigueur et bénéficiant d’une description avec plan tout à fait correcte.
Sans entrer dans le détail, on peut noter que les souterrains ruraux de Fiac ne diffèrent pas fondamentalement du phénomène régional que nous venons de décrire.